Cinq ans après son entrée en vigueur, le Grenelle de l'environnement semble enfin trouver un écho auprès des artisans du bâtiment. C'est le constat fait par l'enquête CERFrance/Ipsos qui révèle que 44% des artisans interrogés jugent favorablement les mesures prises depuis 2007. Détails.

La morosité ambiante et un contexte économique à venir peu réjouissant n'ont pas entamé la volonté des artisans du bâtiment à trouver un nouveau levier de croissance. D'après l'étude CERFrance - réseau associatif de conseil et d'expertise comptable - et Ipsos, la part des artisans attachés aux mesures du Grenelle est passée de 35% en 2011 à 44% en 2012.

 

Pour autant, si l'accueil est désormais favorable, la réalisation de chantiers en « éco-construction » est encore loin de se généraliser, constate l'enquête. Ainsi, moins d'une entreprise sur trois a vu la demande en matière d'éco-construction augmenter au cours des deux dernières années (29%) ; 55% considèrent qu'elle est restée stable et 14% pensent qu'elle a diminué. Ce sont ainsi 37% des entreprises artisanales interrogées qui ont déjà effectué ce type de chantier, que ce soit en construction ou en rénovation. Ils étaient pourtant 39% l'an dernier, et 40% en 2010. Parallèlement, l'étude constate que les artisans sont plus nombreux à vouloir patienter le plus longtemps possible avant d'engager un tel chantier (34%) ou au moins à attendre un à deux ans (26%).

 

L'envie est présente, mais des freins subsistent
Il faut dire aussi que les acheteurs sont encore peu nombreux à plébisciter des chantiers en éco-construction : ils sont 59% en 2011 contre 57% en 2010. Ensuite, les artisans mettent en cause le manque de formation et d'accompagnement sur ce type de chantier (33%, +9 points), ainsi que la difficulté à obtenir des aides financières suffisantes (31% ; +8 points), le besoin en équipements nouveaux (26%, +5 points) et les effectifs insuffisants (17%, +3 points).
Malgré tout, la tendance est là, mais n'est pas synonyme d'emplois supplémentaires au sein des entreprises artisanales, note l'enquête CERFrance/Ipsos. Ainsi, 84% des entreprises interrogées estiment que les mesures du Grenelle n'entraîneront pas de nouvelles embauches (contre 76% en 2011 et 73% en 2010). En revanche, les artisans se montrent plus sereins quant au coût d'investissement que ces mesures pourraient engendrer, 69% d'entre eux jugeant ainsi qu'elles pourraient, dans les deux prochaines années, se traduire par des coûts « faibles » pour leur entreprise. Côté labellisation ou certification qualité environnementale, là encore, les artisans accusent un certain retard : 79% d'entre eux n'en bénéficient pas et ne l'envisagent pas pour l'instant, tandis qu'ils ne sont que 4% à y avoir adhérer.

 

Sur un plan plus général, les artisans sont environ un tiers à estimer que leur activité a diminué, mais ils écartent le passage de 5.5 à 7% du taux de TVA comme principale cause, jugeant que cette hausse entérinée en début d'année n'a pas eu d'impact négatif sur leur activité. Pour les mois à venir, le pessimisme pourrait perdurer, 29% des artisans s'apprêtant à faire face à une baisse d'activité, et 10% prévoyant une baisse de leurs effectifs.

 


Enquête CERFRANCE / IPSOS "Les artisans du bâtiment et l'éco-construction", réalisée du 18 au 28 septembre 2012 auprès un échantillon national représentatif de 502 artisans du bâtiment d'entreprises de 0 à 5 salariés, selon la méthode des quotas.

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