RADIOGRAPHIE. Une étude vient détailler le profil des artisans du bâtiment labellisés Eco artisans, puis Reconnu garant de l'environnement (RGE) à partir de 2014. Il en ressort notamment que leur nombre a fortement augmenté depuis 2011, mais que leur activité est en grande partie dépendante des choix politiques effectués en matière d'aides financières.

Prendre chaque année une photographie du marché de la rénovation énergétique investi par les Eco artisans-RGE : c'est l'un des principaux objectifs de l'observatoire kiWih, présenté à la presse le 22 mars 2018 par la Capeb, la mutuelle Garance (ex-MNRA) et la société de conseil Deloitte. Cette première mouture se base sur les réponses de plus de 1.500 entreprises ayant ou ayant eu la qualification Eco artisan, créée en 2010 par la Capeb, et englobée en 2014 par le label Reconnu garant de l'environnement (RGE).

 

L'étude révèle en premier lieu que le nombre de labellisés Eco artisan (puis RGE) est passé de 2.200 en 2011 à 12.074 en 2018 (dont une hausse de +20% entre 2015 et 2018).

 

52% des Eco artisans n'ont pas gagné en chiffre d'affaires

 

L'un des principaux enseignements de ce travail est que les Eco artisans labellisés RGE n'ont pas systématiquement été récompensés sur le plan du développement de leur chiffre d'affaires : 48% des sondés déclarent qu'ils ont constaté une hausse. Ainsi, 52% des Eco artisans n'ont pas engrangé de nouvelles commandes par le seul fait de leur labellisation. Parmi les 48% qui ont connu une progression positive, il est toutefois à noter qu'un sur trois a vu son CA augmenter de plus de 10%. Par ailleurs, sur les douze derniers mois, le marché semble bien se tenir puisqu'un tiers des chefs d'entreprise interrogés évoque une hausse de son carnet de commandes (57% une stabilité).

 

 

L'étude vient également nous renseigner sur les secteurs d'activités où officient les Eco artisans (voir tableau ci-dessous). En tête arrivent les changements de volets, fenêtres et portes extérieures, l'isolation du toit et l'isolation des murs et planchers bas.

 

Observatoire de la performance énergétique
Observatoire de la performance énergétique © Capeb, Garance, Deloitte

 

Pour dynamiser ce marché, les auteurs de l'observatoire sont convaincus qu'il doit être soutenu par les pouvoirs publics, via les systèmes d'aides. C'est en effet l'un des premiers leviers de déclenchement de travaux pour les particuliers (voir tableau ci-dessous). Ainsi, d'après les artisans sondés, 'seulement' 50% de leurs clients font de la rénovation énergétique pour sauvegarder la planète. Pour 92% d'entre eux, il s'agirait plutôt de profiter des aides, pour 96% d'améliorer leur confort et pour 94% d'alléger leurs charges.

 

Observatoire kiWih, mars 2018
Observatoire kiWih, mars 2018 © Capeb, Garance, Deloitte

 

Les artisans du bâtiment et les auteurs de l'étude invitent donc les pouvoirs publics à ne modifier qu'avec précaution des dispositifs tels que le Crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE), le taux réduit de TVA ou encore l'éco-prêt à taux zéro.

 

Par ailleurs, deux freins majeurs au développement du marché sont identifiés par les professionnels. D'une part les prix relativement bas de l'énergie, et d'autre part la politique de va-et-vient des pouvoirs publics en matière d'aides à la rénovation. Les professionnels en appellent donc à une stabilisation des dispositifs, une meilleure communication publique du Gouvernement afin que les particuliers en connaissent l'existence, et enfin la création d'un guichet unique de renseignements.

 

Le "monopole" des industriels, un frein au marché ?

 

La Capeb sera-t-elle entendue sur ces messages, alors que la réforme du label RGE est en cours dans le cadre du plan de rénovation énergétique des bâtiments ? "Nous sommes relativement inquiets", a expliqué Patrick Liébus, président de la Capeb. "Il semble que le Gouvernement, en réformant le RGE, songe surtout à faire des économies, plus qu'à dynamiser le marché de la rénovation énergétique."

 

Serge Crouin, président de Garance, avance pour sa part un autre facteur de blocage, celui du "monopole" de certains industriels sur les produits liés à la rénovation énergétique. Selon lui, ces acteurs auraient tendance à profiter de l'existence des aides de l'État pour faire monter leurs prix, ce qui ralentirait naturellement le développement des travaux.

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