Patrick Liébus a lancé un cri d'alarme à l'attention du Gouvernement. En effet, le recul de l'activité, qui s'est déclaré plus vite que prévu, ne serait que le « début d'une aggravation persistante ». Mesures de soutien, fin des restrictions fiscales et relance de la rénovation énergétique seront les clés pour sauver le secteur. Détails.

« Le recul de l'activité s'est confirmé plus rapidement que prévu. Nous comptons sur le Gouvernement pour prendre des mesures de soutien », a déclaré ce jeudi le Président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb).

 

Un nouveau vent de panique qui souffle sur le secteur ? Après le froid qui avait gelé l'activité sur le premier trimestre, cette fois, c'est la suppression des mesures fiscales incitatives qui est pointée du doigt. La Capeb note ainsi une baisse d'activité de -0.5% au 2e trimestre 2012, qu'elle explique également par les conditions climatiques encore capricieuses en avril et la succession de ponts en mai, et par le durcissement d'accès au crédit, tant pour les ménages que pour les entreprises. Seule éclaircie au tableau : la rénovation s'en sort mieux que la construction neuve.

 

La rénovation énergétique : véritable appel d'air
En effet, le marché de la réhabilitation (0%) semble résister mieux que le neuf (-1%), si l'on compare au 2e trimestre 2011. Mais plus que la rénovation, c'est la rénovation énergétique qui pourrait être le salut des artisans (+3%). « Les chantiers de rénovation énergétique sont une vraie opportunité pour le secteur », reconnaît Patrick Liébus. Cependant, si cette « bulle d'oxygène » est bien réelle, elle paraît soumise au bon vouloir des particuliers, qui « effectuent des travaux de rénovation énergétique une fois qu'ils n'ont plus le choix », s'inquiète le Président de la Capeb. Ainsi, elle indique qu'au 2e trimestre 2012, 53% des travaux d'amélioration de la performance énergétique des logements (APEL) ne se font qu'en ultime recours, soit pour remplacer du matériel définitivement hors d'usage (contre 42% au 2e trimestre 2011). « Nous attendons avec impatience la conférence environnementale de la rentrée qui, nous l'espérons, donnera des moyens aux particuliers afin qu'ils anticipent [leurs travaux], sans quoi ce marché, comme celui du neuf, s'arrêtera », prévient Patrick Liébus.

 

Nuages à l'horizon
Côté perspectives, le ciel ne fait que s'assombrir. C'est même un « avis de tempête », prédit la Capeb. Inquiète des derniers chiffres de la construction - permis de construire en baisse de 3.2% ; mises en chantier en chute de 18.7% - elle n'imagine pas une situation qui irait en s'arrangeant. Ainsi, en matière d'emploi, 4% des chefs d'entreprises artisanales du bâtiment (soit environ 9.000 entreprises) prévoient de licencier ou de ne pas renouveler les contrats d'un ou plusieurs salariés. Plus inquiétant encore, ce sont les carnets de commandes qui sont passés de 107 à 89 jours entre janvier et fin juin 2012. Sans compter des trésoreries qui ne font que de se dégrader… Et Patrick Liébus de conclure : « Nous sentons une grande inquiétude chez les artisans qui craignent le pire pour les tout prochains mois. Nous attendons beaucoup du projet de loi de finances : le secteur ne supportera pas des restrictions fiscales supplémentaires et nous espérons que le Gouvernement en est bien conscient ».

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