Dans une conjoncture qui s'annonce moins morose que les années précédentes, l'artisanat du bâtiment devra tout de même lutter encore pour retrouver le chemin de la croissance, et surtout franchir les barrières de certaines lois, telle NOE, qui risquent de mettre à mal la profession.

Malgré une baisse de 2% en 2015, dont -0.5% pour le secteur de l'entretien-rénovation, la Capeb se réjouit de perspectives encourageantes pour cette année qui démarre. « Ça montre quelque chose », estime Patrick Liébus, président de la Confédération.

 

Ainsi, des régions ont souffert plus que d'autres - notamment l'Ile-de-France, la Normandie ou Rhône-Alpes-Auvergne, avec +2%. Certains métiers ont davantage profité du contexte favorable, à l'image des maçons et des menuisiers/serruriers. Quinze mille emplois ont été détruits l'an dernier (+3.000 par rapport à 2014). Mais Le plan Pinel a porté ses fruits. Les mesures comme le CITE, l'éco-ptz ou la TVA réduite ont été bénéfiques. Les carnets de commandes ont gagné 7 jours. Les ventes de logements, notamment dans l'ancien, ont donné un coup de pouce à la rénovation, notamment énergétique. « On peut désormais espérer un regain d'activité dans le neuf », a complété Patrick Liébus. Côté perspectives, les artisans sont plus nombreux à vouloir embaucher (7%) que licencier (2%), et l'organisation patronale mise sur la fin de plus de trois ans de chiffres négatifs, et espère une activité comprise entre 0 et 1% pour 2016.

 

Nouvelle année, nouveaux combats

 

Pour rester dans les clous, la profession devra continuer à défendre ses chevaux de bataille : concurrence déloyale des auto-entrepreneurs, alors qu'un grand nombre d'artisans « classiques » ont basculé du côté du régime des AE ; concurrence des travailleurs illégaux, qui devrait être atténuée avec notamment l'arrivée de la carte d'identification professionnelle ; compte pénibilité

 

Mais aussi composer avec les nouvelles annonces et lois à venir. D'abord, celles de François Hollande et son programme de « grands travaux », évoqué à l'occasion des vœux du 1er janvier, et détaillé ce mardi aux 200 ans de la Caisse des dépôts. « On attend de voir », précise le président de la Capeb. Qui s'interroge sur la provenance des 3 Md€ annoncés pour la rénovation énergétique et le logement social. « S'ils sont bien placés, bien investis, cela peut être une bonne chose », ajoute-t-il. Pour le plan Formation, il a plus d'inquiétude : comment le financer ? Réponses le 18 janvier prochain…

 

Surtout, Patrick Liébus est entré en guerre avec la future loi Macron 2, dite loi Noe, dont un point en particulier le fait sortir de ses gonds : la qualification des artisans. « On ne peut pas tirer à la fois vers le haut et vers le bas », s'insurge-t-il face à la volonté du ministre de l'Economie de se passer du besoin de compétence dans certains métiers et notamment le bâtiment où les artisans cherchent au contraire à renforcer leurs compétences, pour obtenir la qualification RGE notamment. Et de se demander : « Comment le gouvernement arrivera-t-il à tenir ses engagements alors que certains font des contre-mesures ? ».

 

Exit les artisans !

 

Idem sur la longueur des stages, que le ministre veut réduire à peau de chagrin. « M. Macron dit que faire des stages c'est trop long pour créer une entreprise, qu'il faut pouvoir la créer en 24 heures, c'est complètement déraisonnable ! S'installer, c'est connaître son métier, c'est savoir gérer une entreprise. Il faut rendre les stages plus professionnels, plus ciblés et tenir compte du niveau d'études des jeunes », estime le président de la Capeb. Et d'asséner : « Tout métier qui touche à la santé/sécurité nécessite une qualification ». Prenant l'exemple du peintre, qui est sur la liste des métiers visés, il explique : « M. Macron a parlé des travaux de peinture : mais quand on utilise de la peinture aux formaldéhydes, cela cause des problèmes de santé aux enfants ».

 

Enfin, point d'orgue de sa colère : les auto-entrepreneurs, dont le plafond de revenus pourrait être revu à la hausse, pour atteindre 100.000 euros. Et ce toujours en bénéficiant de charges allégées. « Si c'est ça, je rends ma carte d'artisan ! Avec cette loi, c'est exit les artisans ! Et c'est très inquiétant », a-t-il indiqué. Avant de conclure : « On voit enfin un horizon meilleur. Il faudra le courage de la politique, les moyens financiers. Qu'on ne nous empêche pas d'avancer ! ». Et de nous confier que les choses pourraient prendre bientôt une autre tournure... A suivre.

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