Activité et emplois en baisse, secteur de l'amélioration de la performance énergétique également touché, dégradation des trésoreries et des carnets de commandes… rien ne va plus dans l'artisanat du bâtiment, qui exige désormais des mesures concrètes et sans délai.

"La crise est extrême et difficile, les paramètres ne changent pas. Du coup, le bâtiment continue de perdre des emplois, l'activité est en baisse, même dans le domaine des travaux de performance énergétique sur lequel on comptait beaucoup. Sans compter un taux de chômage qui ne cesse de croître, des trésoreries qui se dégradent encore et désormais des carnets de commandes qui chutent. Nous avons besoin de mesures concrètes rapides pour inverser cette tendance", a d'emblée affirmé Patrick Liébus, président de la Capeb, ce mardi 15 avril 2014.

 

Stabiliser la TVA
"Fini les groupes de travail et autres réunions de concertation, Messieurs et Mesdames les ministres, prenez les choses en main", clame le président de la Capeb. Et d'égrener les chiffres du 1er trimestre 2014 : -2% pour l'activité globale ; -2.5% pour le neuf ; -1.5% pour l'entretien-amélioration ; 0% pour l'amélioration de la performance énergétique (APEL). Une douche froide pour les professionnels, qui s'attendaient à mieux en ce début d'année. En effet, la dernière partie de 2013 avait laissé espérer des jours meilleurs, avec un regain d'activité constaté. Ainsi, si le changement de TVA (de 7 à 10%) a boosté les demandes de travaux en fin d'année, "cela a montré que jouer au yo-yo avec la TVA a un impact direct sur l'activité", constate Patrick Liébus. De la même façon, il estime, pour expliquer la baisse des travaux liés à la performance énergétique, qu'ils ont été inclus dans les travaux réalisés en fin d'année. Enfin, les intempéries de ce premier trimestre n'ont pas joué en faveur des artisans, qui ont vu leurs chantiers interrompus ou stoppés. Et ce malgré l'obtention d'un délai supplémentaire accordé par Bercy… et qui s'achève ce 15 avril !

 

Promesses de dons
Encore des chiffres ? "Ce sont plus de 50% des entreprises qui ont des besoins de trésorerie de 10 à 50.000 €", se lamente le président de la Capeb. "Les carnets de commandes sont aujourd'hui à 72 jours, alors qu'ils étaient à 87 l'an dernier", poursuit-il. Enfin, côté emploi, si 2013 a vu la suppression de 25.000 postes, "ce sont 8.000 emplois qui sont déjà touchés pour 2014", insiste Patrick Liébus.

 

L'exaspération est donc à son comble, et ce ne sont pas les 50 mesures de simplification énoncées lundi 14 avril par Thierry Mandon et Guillaume Poitrinal qui calmeront la colère des artisans. "Ce sont des promesses de dons, s'insurge Patrick Liébus. On lance beaucoup d'idées, dont certaines existent déjà, mais on ne donne aucune modalité, aucune échéance… Sans compter qu'on n'a encore jamais participé au groupe de travail mis en place pour la partie 'aménagement et construction'". Exaspération aussi quant au dossier FeeBat, qui n'avance pas. A mi-avril, le dispositif n'a toujours pas la signature des ministres du Logement et de l'Ecologie pour la période 2014 ! Enfin, quid du dossier "Objectifs 500.000" lancé avec Cécile Duflot, tandis que le décret RGE n'est toujours pas publié… "On a l'impression que tout est à refaire !", conclut Patrick Liébus.

 


L'épineux dossier de la pénibilité
La prévention, thème que prône depuis longtemps le secteur du bâtiment, est aujourd'hui repris par Pierre Gattaz, patron du Medef, qui souhaite désormais un débat pour "adoucir" le dispositif du compte-pénibilité, véritable épine dans le pied des professionnels.
Selon lui, c'est une "triple peine" pour les entreprises, et un dispositif "très anxiogène" également, notamment pour les sociétés qui comptent jusqu'à 40 salariés. "C'est d'une extrême complexité, totalement inapplicable en l'état", a-t-il indiqué lors de son point presse de ce mardi 15 avril 2014. Au même moment, Patrick Liébus, président de la Capeb, énonçait la même chose, rappelant l'aberration de ce dispositif. "Pour la première fois, il y aura une unité entre les organisations patronales et nous proposerons une position commune très bientôt".
En attendant, le Conseil de la simplification s'est saisi du dossier, "mais nous pensons que ce ne sera pas suffisant", a estimé le président du Medef. A suivre…

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