A la veille de l’ouverture à Nantes du 34ème Congrès de l’Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes, la profession est toujours en quête d’une vraie culture syndicale.

Les architectes font beaucoup parler d’eux. A tort ou à raison, la profession est, en retour, souvent taxée de corporatisme, accusation difficile à entendre pour beaucoup d’archis et surtout difficile à admettre à la vue des réalités actuelles. Comme le confesse un jeune architecte qui débute « on sent bien que la profession n’est pas si solidaire que ça, alors que des menaces de plus en plus précises se profilent sur son identité et sa fonction »

Le 34ème Congrès de l’UNSFA qui se tiendra du 2 au 4 octobre à Nantes devrait justement être le lieu d’un débat crucial sur l’avenir de ce métier si particulier, reconnu d’intérêt publique par la loi française, au moment même où le projet de réforme de la commande publique pourrait conduire à l’affaiblissement du dialogue architecte-maître d’ouvrage, garant, selon François Pelegrin, président de l’UNSFA « de la qualité architecturale dans les constructions publiques ».

Si le constat semble partagé par l’immense majorité des architectes, les moyens d’action pour faire fléchir le législateur sont encore à inventer. Il sera délicat de resserrer les boulons lors du congrès. F. Pelegrin reconnaît, non sans humour, qu’« on n’engueule pas ceux qui viennent à la messe ». Pour que la messe soit dite en même temps, et si possible pour tout le monde, des assises nationales seront organisées début novembre avec l’UNSFA, le Syndicat National d’Architecture et le Conseil National de l’Ordre des Architectes. Peu d’informations supplémentaires ont été communiquées sur le contenu de cette journée d’information, mais l'initiative fait clairement écho à la lettre ouverte publiée par F. Pelegrin sur le site de l’UNSFA, dans laquelle il pointait le manque d’engagement des architectes pour défendre leur profession.

Cet individualisme, réel, est sans doute le prix à payer pour la dimension créatrice et artistique du métier. Malheureusement, la véhémence des prises de positions individuelles ne garantit pas toujours que le message est efficacement transmis. Sans remettre en cause la nature profonde des archis, le pari du congrès consiste donc à intégrer le problème dans une thématique plus large : « Société et cadre de vie, l’architecte aux côtés du citoyen ».

En résonance avec les débats qui marquèrent les deux précédents congrès, cet ordre du jour se veut le slogan de l’implication des architectes dans le cadre de vie et les projets d’aménagements du territoire. Jugée insuffisante par l’UNSFA, la présence et la visibilité accrue des archis dans les projets de construction et d’aménagement fera peut-être bouger les choses dans le sens souhaité par F. Pelegrin. Dans le même sens, l’accent mis sur la qualité environnementale, clé de voûte du très en vogue développement durable, est susceptible de faire entrer l’architecte en tant que tel dans un projet de société qui engage de nombreux acteurs.

La réforme de la commande publique, compte tenu des menaces qu’elle fait peser sur la profession, peut également galvaniser les esprits et faire émerger une vraie culture politique. Transformer le mécontentement actuel en pouvoir d’influence sera donc tout le défi de la future présidence de l’UNSFA. Signe des temps, F. Pelegrin est le seul candidat à sa succession.


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