A l'initiative de l'Union nationale des industries de carrières et matériaux de Normandie, les acteurs de la filière de la construction se sont réunis pour débattre du problème récurrent des approvisionnements des matériaux et de la maîtrise des coûts de la construction. Explications.

« L'aménagement des territoires ne se fera pas sans matériaux de construction de proximité », nous affirme d'emblée Etienne Fromentin, secrétaire général de l'Unicem Normandie. Fort de cette constatation, l'organisation, aux côtés des Capeb, FFB et FRTP locales, a tenu un point presse afin d'alerter les élus et l'Etat sur le problème de l'approvisionnement des matériaux de construction, qui présente un risque sur certains territoires comme la Seine-Maritime.

 

Produire localement, une priorité
« Les dispositions prises dans plusieurs documents de planification à l'échelle régionale ou départementale vont à l'encontre d'un approvisionnement durable des territoires », a souligné Jean-Yves Cadieux, président de la délégation régionale de l'Unicem, dans un communiqué. « Nous demandons donc que les besoins en matériaux soient pris en compte notamment dans les documents d'urbanisme », renchérit Etienne Fromentin. Car les programmes de construction de logements - pour rappel, 500.000 logements neufs ont été annoncés par le gouvernement - nécessitent « de mettre en face les moyens d'approvisionner localement les entreprises du bâtiment », répond François Masnière, président de la FFB Haute-Normandie. Produire à proximité s'inscrit ainsi dans une politique de maîtrise des coûts de construction indispensable à la survie des carrières. D'où l'interrogation d'Eric Mollien, vice-président de la Capeb Haute-Normandie, sur la capacité financière des clients finaux (collectivités ou particuliers) à supporter ces augmentations de coûts. Evoquant le poids du poste matériaux dans le secteur des TP, Philippe Pirquin, président de la FRTP de Normandie, expliquait : « 30% du coût d'un chantier est lié aux matériaux. Nos entreprises privilégient donc les circuits courts pour construire durablement ».

 

Attention aux surcoûts
Mais pourront-ils le faire de manière durable ? La rupture des approvisionnements en matériaux et l'acheminement de matériaux en provenance d'autres régions a un impact économique non négligeable. Or, le problème des schémas de carrière - l'adaptation des schémas départementaux des carrières devrait être en adéquation avec les projets de développement régional, insiste Etienne Fromentin - est récurrent. « Mais nous n'avons pas l'impression d'être entendus », se plaint-il. Il espère donc que la présence -inédite - des organisations de la Capeb, FFB et FRTP ait un poids suffisant, notamment parce qu'elles représentent quelque 55.000 emplois dans la région. Ces dernières mettent également le doigt sur le surcoût lié à la RT 2012, le secteur du bâtiment constatant ainsi une augmentation des coûts de l'ordre de 10 à 15%. « Des surcoûts de matériaux ne peuvent pas et ne doivent pas venir s'ajouter aux surcoûts vertueux de la RT 2012 », clame François Masnière (FFB).

 

Les organisations ont enfin évoqué la question du recyclage et le développement de la filière granulat marin. Toutefois, si la pratique du recyclage des matériaux inertes est aujourd'hui courante, le représentant des TP alerte : « Les pratiques de traitement en place ou l'utilisation de recyclés sont bien ancrées dans le secteur des travaux publics. Mais rappelons que les matériaux recyclés sont utilisés uniquement dans les couches inférieures des chaussées, les couches supérieures ne pouvant se faire en majeure partie qu'avec des matériaux de carrières ». A ce jour, le recyclage représente 10% de la demande en granulats.

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