Aides financières, assouplissement des règles, prise en charge en amont, campagne de promotion... Rien n'y fait, le secteur de l'apprentissage semble inscrit dans une spirale infernale, et les entrées n'en finissent pas de chuter. La solution viendrait-elle du modèle allemand ? C'est la proposition choc que fait l'Institut Montaigne. Détails.

Un énième plan de sauvetage de l'apprentissage ? Ce mardi, étaient réunis à Matignon, les partenaires sociaux et les présidents de région pour tenter de trouver des solutions à la chute inexorable des entrées en apprentissage. A l'issue de leur rencontre, ils ont proposé un plan de mobilisation pour préparer la rentrée 2015*.

 

Car au premier trimestre 2015, les entrées en apprentissage ont, en effet, reculé de 14% (source Darès). Même si l'essentiel des entrées se fait en fin d'année, ce n'est pas un bon signal pour l'année 2015. Ce serait même une troisième année consécutive de baisse, après celle de 8% en 2013 et celle de 3% en 2014. Et dans le secteur du BTP, 72 % des entreprises ne prévoient pas d'embaucher de jeunes en contrat d'apprentissage dans les douze prochains mois.

Des mesures au fil de l'eau

Le gouvernement actuel tente de réparer ses erreurs, lui qui a négligé l'apprentissage dès son arrivée au pouvoir, alors que Nicolas Sarkozy en avait fait la clé de voûte de sa politique de lutte contre le chômage… Ce sont donc des mesures au compte-goutte et au fil de l'eau que l'on voit surgir depuis plusieurs mois, tandis que l'objectif de 500.000 apprentis d'ici à 2017 est maintenu : aide financière, assouplissement réglementaire, et dernière mesure en date, la possibilité donnée aux TPE de n'avoir pas à rémunérer son apprenti et de percevoir une compensation financière correspondant aux charges sociales.

Faire de l'apprentissage une priorité

Parallèlement, l'Institut Montaigne vient de publier un rapport, détaillé dans le quotidien Les Echos, où il est question de se rapprocher du modèle allemand en matière d'apprentissage. Outre-Rhin, le secteur enregistre des chiffres plutôt satisfaisants : 16% des jeunes de 15 à 24 ans sont apprentis, contre 5.2% en France ; on y compte entre 1.5 et 1.7 millions d'apprentis, un chiffre stable quelle que soit la conjoncture. De même, les auteurs expliquent qu'en Allemagne, l'apprentissage a toujours été centré sur des qualifications intermédiaires, tandis qu'en France, il se situe aux extrémités de la chaîne. Ou encore que toutes les entreprises le pratiquent, des grands groupes aux PME, quand il reste cantonné aux TPE en France… Autant d'arguments, et autant de solutions proposées par le rapport pour endiguer la baisse de l'apprentissage dans l'Hexagone : développer une filière de pré-apprentissage au sein du collège ; confier aux régions le rôle de pilote des formations professionnelles initiales ; transformer les lycées professionnels en centres de formation des apprentis (CFA) ; alléger les contraintes juridiques des contrats ; rationaliser les aides à l'embauche sous forme d'un crédit d'impôt ; associer davantage les partenaires sociaux. A noter toutefois que le nombre d'apprentis est à son plus bas niveau actuellement, en raison notamment du déclin démographique de l'Allemagne.

 

Reste à attendre les effets du nouveau plan de mobilisation, qui sera piloté par François Rebsamen, pour lequel s'engagent les acteurs de l'apprentissage réunis ce mardi soir à l'Hôtel Matignon.

 


*Le plan de mobilisation pour la rentrée 2015

 

Sur l'apprentissage
1. Garantir des aides lisibles et stables pour inciter les entreprises à recruter des apprentis : mise en place d'une aide "TPE jeunes apprentis" qui permet la gratuité du contrat d'apprentissage la 1re année pour les entreprises de moins de 10 salariés qui recrutent un jeune de moins de 18 ans. Les autres règles demeurent inchangées ;
2. Simplifier les démarches pour les entreprises : mise en place dès la rentrée 2015 d'une bourse de l'apprentissage sur le portail de l'alternance. D'autres outils seront déployés ensuite (simulateur de coût…);
3. Accompagner les jeunes en amont de leur entrée en apprentissage et lors des premiers mois pour prévenir les ruptures du contrat : en complément des dispositifs régionaux déployés, mise en œuvre dès la rentrée 2015 du dispositif «réussite apprentissage» annoncé lors du Comité interministériel "égalité citoyenneté" du 6 mars 2015 pour accompagner 10 000 jeunes ;
4. Communiquer dès le mois de mai aux CFA et aux Régions les ressources dont elles vont bénéficier;
5. Organiser une campagne de prospection des employeurs susceptibles de recruter des apprentis pour la rentrée 2015 : mobilisation notamment de la fondation "innovations pour les apprentissages" et de Pôle emploi (en particulier les 4000 conseillers dédiés exclusivement à la "Relation entreprise" en poste dès juin) et organisation territoriale d'une campagne de prospection commune État / Régions ;
6. Recruter au moins 4000 apprentis à la rentrée 2015 dans les ministères et établissements publics de l'État;
7. Lancer une campagne de promotion de l'apprentissage en s'appuyant sur un réseau d'ambassadeurs régionaux de l'apprentissage (animé au niveau national par le Gouvernement et par M. Gérard Mestrallet, ambassadeur de l'apprentissage) et sur une campagne de communication nationale autour notamment de l'aide "TPE jeunes apprentis".

 

Sur la formation des demandeurs d'emploi
1. S'appuyer sur le déploiement du compte personnel de formation pour faciliter l'entrée en formation des demandeurs d'emploi ;
2. Permettre à au moins 60 000 demandeurs d'emploi supplémentaires d'accéder à la formation en 2015, soit 15% de plus qu'en 2014, grâce aux nouveaux moyens dégagés par les partenaires sociaux (160M€ en 2015) suite à l'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2014.

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