La loi Handicap de 2005 impose que les établissements recevant du public (ERP) ainsi que les services de transports collectifs soient rendus accessibles d'ici à 2015. Où en sommes-nous ? Quels sont les principaux freins à la réalisation des travaux sur le marché du neuf ou de la rénovation ? Eclairage avec la délégation ministérielle à l'accessibilité et des réactions d'architectes conseils.

A l'heure actuelle, réglementations techniques obligent, l'habitat se transforme rapidement en "parcours d'obstacles ou du combattant" lorsqu'il n'est pas prévu pour les situations de handicap. A l'occasion de Batimat, l'accessibilité demeure le thème majeur, discuté, développé et débattu au travers les kyrielles de conférences, animations, et expositions imaginées par les professionnels du secteur.

 

Par exemple : circulations et ouvrants ont été repensés et automatisés pour résoudre les problèmes d'accessibilité. Chaque difficulté technique doit être, en effet, précisément justifiée. Où en sommes-nous ? Quels sont les principaux freins à la réalisation des travaux sur le marché du neuf ou de la rénovation ? Autant de questions encore sources d'avis divers chez les architectes, urbanistes, agences conseils, collectivités, sans oublier l'Etat.

 

"L'échéance de 2015, on ne l'a pas sortie du chapeau"
"Tout est une question d'approche s'agissant de la question des freins à l'accessibilité et au respect des normes sur le marché de la rénovation et du neuf, nous confie d'emblée Soraya Kompany, architecte-urbaniste, conseillère accessibilité au ministère des Affaires sociales et de la Santé. Si l'on continue de croire que l'accessibilité concerne uniquement les personnes handicapées en fauteuil roulant, le processus n'avancera jamais. Mais si on considère que l'accessibilité s'adresse à un plus grand nombre de personnes et qu'elle est un facilitateur de démarche qui apporte du confort d'usage pour tous, les comportements changeront et l'accessibilité deviendra une priorité dans les politiques publiques."

 

"On conçoit pour des utilisateurs et non pas contre les architectes"
Et de poursuivre son argument : "L'échéance de 2015, on ne l'a pas sortie du chapeau. Son but principal était de fixer un objectif et un cap assortis d'une obligation de résultats. C'est une question de culture et de regard de la société d'une partie de la population. Et pour les freins ? L'objectif est clair : ne pas vouloir faire des bâtiments uniquement pour ceux qui répondent aux normes, mais prendre en compte, dans la mesure du possible, la situation de tout le monde ! Il s'agit de concevoir pour l'usage pour de tous, personnes jeunes, âgées, en situation de handicap… Qui dit handicap, cela comprend le voyageur portant une valise à la gare du Nord… Soyons clairs : on conçoit accessible pour les utilisateurs et non pas contre les architectes." D'après elle, la créativité de la conception peut être stimulée par la recherche de solutions pour la mise en accessibilité.

 

 

"Pas en un coup de baguette magique"
Par ailleurs, d'après la conseillère technique, la réalisation d'usages accessibles n'a rien de naturel. Or, si c'est une "révolution culturelle", la société ne peut pas changer en un coup de baguette magique. D'après nos sources proches du dossier, les gestionnaires d'ERP n'ont pas encore une bonne compréhension du dispositif même s'il y a souvent la volonté de faire. De plus, Soraya Kompany, souligne que "la limite financière est contraignante". "Lorsque ce sont des travaux légers, ajoute-t-elle , ils peuvent intervenir rapidement. Mais si le parc immobilier est trop important, il est nécessaire de programmer les travaux sur plusieurs années. Sur les 650.000 ERP en France, il est donc illusoire de penser que tout sera fait avant 2015, estime-t-elle.

 

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