Mettre l'usager et l'usage au cœur de la démarche. Voilà le crédo d'Antoine Tesson, spécialiste Design for All chez Divercities, qui accompagne des collectivités dans l'attribution de logements sociaux. Du recensement à la mise en place d'outils spécifiques en passant par l'élaboration de plans de travaux rationalisés, il dévoile quelques pistes pour aider les bailleurs.

A l'occasion de la 4e édition du salon Urbaccess, qui se tient jusqu'au 11 mars à Porte de la Villette (Paris), Antoine Tesson est intervenu sur la problématique de l'attribution de logements sociaux dans le cadre d'une démarche de conception universelle. Avec un objectif : dépasser les politiques "senior" et "handicap", et ne pas tomber dans des préoccupations uniquement paramédicales, qui risqueraient de ghettoïser les personnes en situation de handicap.

 

Les bailleurs sont ainsi confrontés à trois problématiques : d'abord, bien souvent, le recensement de logements adaptés est inexploitable et effectué de manière différente selon les bailleurs ; le vieillissement de la population est une donnée croissante et dont il faut tenir compte ; enfin, certains logements adaptés sont vacants et il est difficile de les identifier. Divercities recommande ainsi au bailleur de bien connaître son patrimoine, ainsi que le profil du demandeur de logement social, afin de pouvoir mettre en adéquation l'offre et la demande. "Seule la maîtrise de ces deux axes de connaissance permettra de proposer de manière ciblée les logements les plus cohérents avec les besoins du futur locataire et de sa famille évitant ainsi la perte de temps liée aux multiples visites avant acceptation du logement", explique Antoine Tesson. Car la mise en accessibilité peut se faire de deux façons : de manière ciblée, via la construction neuve et la réhabilitation ; de manière transversale, via des plans ascenseurs, plans escaliers… lors de processus de maintenance et de rénovation ponctuelle.

Dispositif global

Pour parvenir à optimiser l'attribution de logements sociaux, les bailleurs se doivent donc de réfléchir à la mise en œuvre d'un dispositif global et coordonné avec l'ensemble des acteurs concernés. Cela leur permettra d'évaluer la capacité d'accueil des personnes en situation de handicap, d'évaluer aussi le potentiel de mise en accessibilité des logements, de fluidifier les remontées terrain, d'assurer un suivi, un contrôle et une évaluation du respect des objectifs et, enfin, de faciliter les modalités de recherche et d'attribution d'un logement adapté.

 

Comment arriver à répondre à ces enjeux ? Diviercities propose plusieurs pistes comme homogénéiser le champ lexical* et la classification des logements, mettre en place des outils de gestion patrimoniale partagés, recenser les logements sociaux, fixer des objectifs d'évaluation et de suivi, élaborer des plans de travaux rationnalisés. "Il faut fédérer les décideurs, les techniciens et les habitants", clame Antoine Tesson.

Le handicap n'est pas le seul prisme à considérer

Enfin, il fait quelques ultimes recommandations. Un travail collectif doit avoir lieu entre les acteurs, les pouvoirs publics doivent se positionner en tant que "ressource centrale", des actions de communication et d'information auprès du grand public doivent être pérennisées, un poste de référent accessibilité doit être créé et avoir une position transversale. "Mais l'essentiel est de ne pas limiter les besoins des locataires sous le simple prisme du handicap", rappelle-t-il.

 


Accessible, adapté, adaptable : bien choisir ses termes
Accessible : qui permet à tous de circuler, relève du cheminement vers le logement.
Adapté : il faut d'abord que l'habitat soit accessible. Le terme concerne l'intérieur qui doit être conçu conformément à la réglementation.
Adaptable : il s'agit d'un logement qui peut être accessible ou pas, dont l'intérieur et le changement d'accès pourraient aisément bénéficier d'interventions pour le rendre adapté.

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