DIAPORAMA - Dans la capitale piémontaise a poussé un drôle d'immeuble végétalisé. Imaginés par l'architecte Luciano Pia, ces jardins suspendus rappellent également les cabanes que construisent les enfants dans les arbres. Un rêve devenu réalité pour les 63 familles qui y résident et qui pourrait donner des idées à d'autres urbanistes.

A l'image du Bosco Verticale de Stefano Boeri, qui a poussé à Milan, l'autre grande ville du nord de l'Italie s'est dotée d'un immeuble-forêt. Sobrement dénommé "Verde 25", car situé au 25 de la via Chabrera à Turin, le bâtiment est l'œuvre de Luciano Pia. Ce dernier a souhaité créer un micro-écosystème où la nature agirait comme un filtre entre l'environnement urbain et les lieux de vie. Il en résulte un immeuble de cinq étages à l'allure insolite. Sa structure, en acier Corten auto-patiné dont la surface a été artificiellement corrodée, évoque un houppier d'arbres. Ses formes courbes et irrégulières suggèrent également un décor naturel et permettent l'implantation de nombreuses terrasses.

 

Les 63 appartements sont tous différents et vont du loft avec mezzanine et jardin privé aux logements traversants avec des balcons côté rue et côté cour. A l'intérieur de l'immeuble justement, un véritable petit parc de 50 arbres - dont certains culminent à 20 mètres - et deux étangs, apportent de la fraîcheur en cœur d'îlot. Sur les façades extérieures, pas moins de 150 autres arbustes, dont les hauteurs varient de 2,5 à 8 mètres, sont plantés dans des grands pots de cuivre et camouflent en partie l'édifice, en entremêlant leurs branchages. Pas moins de 30 essences différentes ont été sélectionnées par des agronomes, la plupart à feuillages caducs. Car ce type de plante présente le double avantage de protéger les appartements du soleil en été, en offrant de l'ombre rafraîchissante, tout en autorisant le soleil d'hiver à pénétrer dans les habitations.

Le bio c'est bien… mais c'est plus coûteux

Autres bénéfices supposés de ces plantations extensives dans tout le bâtiment, l'apport d'oxygène en contrepartie d'une consommation de CO2, la captation de poussières et polluants ou encore l'atténuation du bruit. Outre cette solution, 100 % naturelle, le bâtiment présente logiquement tous les derniers raffinements en termes de conception bioclimatique. Les apports solaires sont maximisés par de grandes baies vitrées orientées au sud, tandis que le chauffage est assuré par une installation géothermique sur nappe couplée à des pompes à chaleur. Le résultat ? Une étiquette énergétique "A", pour une consommation annuelle comprise entre 29,5 et 44 kWh/m², et un bilan carbone des plus favorables.

 

Le projet, lancé en 2007, a été livré en 2012. Plusieurs de ces luxueux (et luxuriants) appartements se trouvent aujourd'hui à la revente. Mais il faudra tout de même compter 775.000 € pour un 120 m² et près d'un million d'euros pour un cinq pièces de 180 m²… Si, pour l'instant, les prestations d'une telle construction sont réservées à un petit nombre de privilégiés, elles devraient tout de même finir par se répandre. Pour preuve, l'intérêt marqué des Parisiens pour les façades végétalisées qui ressort à chaque consultation citoyenne dans la capitale. Verra-t-on fleurir des jardins suspendus dans toutes les villes du monde ? L'avenir le dira.

 

Fiche technique :
Projet : immeuble neuf d'habitation à Turin
Surface : 7.500 m²
Architectes : Luciano Pia, Ubaldo Bossolono
Promoteur : Immobiliare Parco del Valentino Srl
Entreprise générale : DE-GA SpA
Calendrier : lancement du projet en 2007, livraison en 2012

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Végétalisation extensive

Verde 25
Verde 25 © Beppe Giardino/Luciano Pia
Les plantes débordent de vie et s'approprient peu à peu la façade du Verde 25.

Une structure en acier oxydé

Verde 25
Verde 25 © Beppe Giardino/Luciano Pia
Les structures de façade, en acier Corten, donnent cet aspect vieilli. Les découpes laissent imaginer de grandes silhouettes d'arbres, avec leurs branches et rameaux.

Une implantation au coeur de la ville

Verde 25
Verde 25 © Luciano Pia
Le "Verde 25" est implanté au cœur de la capitale piémontaise. Mais il est à deux pas du parc du Valentino, véritable poumon vert de 40 hectares.