Le marché de la distribution de matériels de BTP a connu sa plus forte baisse d'activité en 7 ans, tandis que le secteur de la location est en recul pour la 3e année consécutive. Seule la manutention a vu son activité s'améliorer en 2015. La Fédération nationale des distributeurs, loueurs et réparateurs de matériels BTP et manutention (DLR) n'hésite pas à qualifier l'exercice passé "d'année noire".

Sonia Dubès, la présidente du DLR, présente les résultats de l'année 2015 : "Ils reflètent l'activité des marchés du bâtiment et des travaux publics, dont nos métiers sont fortement dépendants". Et ils ne sont pas bons : le secteur de la distribution de matériels de BTP a connu un recul de -10 %, la plus forte en sept ans. "Il n'y a pas de grands travaux en cours, pas de grands chantiers lancés… Donc les entreprises n'investissent pas", poursuit la présidente.

 

Ce marché s'établit donc à 4,1 Mrds €, un chiffre quasiment aussi bas que celui de 2009, mais qui n'a cependant pas d'impact sur l'emploi. En effet, les effectifs sont restés stables par rapport à 2014 avec 12.800 employés environ. C'est donc la rentabilité des 800 entreprises concernées qui a été affectée : elle a drastiquement reculé en 2015 (-24 %). Le DLR détaille : "La forte contraction du chiffre d'affaires des distributeurs s'explique avant tout par le recul marqué des ventes de matériels neufs (-14 %). Ce segment représente plus de la moitié du CA global. A l'exception des ventes d'occasion (0 %), l'ensemble des activités de la branche distribution a baissé : pièces détachés (-9 %), SAV (-2 %), location (-2 %)".

 

Le marché de la location a donc continué de se contracter en 2015, "mais à un rythme plus modéré que l'année précédente", tempère le DLR. Le chiffre d'affaires de ce secteur représente 3,58 Mrds € et, là encore, le repli constaté n'a eu qu'un faible impact sur l'emploi. Les effectifs n'ont diminué que de 400 postes, à 21.500 salariés dans 1.100 entreprises. Et contrairement à la distribution, la rentabilité des entreprises n'a pas été impactée. "Au contraire, elle s'est améliorée par rapport à l'année précédente (+19 %)", souligne la fédération. "Mais elle reste inférieure à son niveau d'avant-crise". La situation dans le BTP français a entraîné une forte baisse des investissements chez les loueurs (-26 %), une situation inédite qui joue sur l'âge moyen des machines (64 mois, +7 %), occasionnant également une baisse de sa valeur globale (-1 %).

 

2016, année de la reprise

 

La manutention est, finalement, le seul secteur dont l'activité a progressé en 2015, grâce "au frémissement de l'économie française". Il s'établit à 1,81 Mrd € (+2 %). De quoi contrecarrer "deux ans de baisse consécutives", grâce à des hausses sur l'ensemble des segments : ventes de matériels neufs (+5 %), ventes de matériels d'occasion (+4 %), maintenance (0 %) et location (+1 %). Le nombre d'emploi s'est stabilisé à 6.850 personnes, tandis que la rentabilité des entreprises a poursuivi une progression entamée en 2014 (+3 %).

 

Concernant l'année en cours, le DLR note "une lueur d'espoir" avec un début de reprise observé depuis la fin de 2015, qui devrait se poursuivre en 2016. Les deux filières les plus atteintes l'an passé (distribution-vente et location) ont en effet connu un quatrième trimestre plus positif, "ce qui laisse présager une inflexion probable dans les mois à venir". Du côté de la manutention, ses ventes de matériels "devraient rester dynamiques au premier trimestre de 2016, mais le renouvellement récent du parc de chariots dans les secteurs clients risque d'impacter l'activité à moyen ou long terme". Sonia Dubès, la présidente de la fédération suggère que les acteurs développent de nouvelles activités et transforment leur activité, en faisant évoluer leurs procédés et leurs offres de services.

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