Batiactu : Quelles ont été les évolutions observées au niveau des immeubles ?

 

X.L. : En dix ans, l'évolution a été particulièrement marquante pour les petits jardins - et la tendance naît au pied des immeubles. Dans les cours les plus étroites, l'on installe des Bacsacs pour y planter des végétaux. Mais on dénombre aussi de plus en plus de jardins partagés, qui ramènent à la notion de convivialité véhiculée par le végétal. Les valeurs qu'il y a derrière leur entretien sont celles des rapports humains.

Batiactu : Et chez les citadins, notamment ceux qui habitent de petits espaces ?

X.L. : Notre objectif est de multiplier les usages du jardin, aussi petit soit-il. Le renouveau du balcon, par exemple, a été dynamisé par la multiplication des accessoires. Il est redevenu nourricier, et l'on y trouve aujourd'hui des aromates, des petits potagers avec, parfois même, des salades ! C'est aussi un lieu pour recevoir, et non plus un espace que l'on garde pour soi.

Batiactu : Les mœurs ont donc beaucoup évolué en dix ans. La végétalisation des villes serait-elle terminée ?

X.L. : Au contraire, nous ne faisons que la commencer ! Nous sommes déjà en retard par rapport aux villes allemandes et à Stockholm. Cependant, nous avons parcouru beaucoup de chemin, et cela se ressent : il y beaucoup moins de brouillard sur Paris aujourd'hui qu'il y a dix ans, car les végétaux limitent l'évapotranspiration des bâtiments, due à la chaleur urbaine. 80% de la population de la planète vivra dans une ville dense à l'horizon 2050, mais ce sera insupportable si la ville est impersonnelle et invivable. Le végétal est un des instruments du vivre ensemble.

Batiactu : Qui joue le rôle le plus important dans la végétalisation de sa ville ?

X.L. : Probablement les élus et les urbanistes qui dessinent la ville. Mais les citoyens aussi ont un rôle à jouer : celui de déclencheur. La prise de conscience des élus vient très souvent de leurs administrés. Le citadin doit s'emparer du "vert" et être un acteur engagé. On a les projets que l'on sollicite !

Batiactu : Quels sont les prochains défis à relever pour revégétaliser les villes ?

X.L. : Pour que la nature réinvestisse efficacement l'espace urbain, il faut commencer par faire l'inventaire des lieux de friche, ceux qui seraient les moins coûteux à reconquérir. N'hésitons pas à monétiser la végétalisation, pour convaincre les élus que l'on peut donner une valeur nouvelle à nos quartiers.

Batiactu : Et pour Jardins, Jardin ?

X.L. : Rester un lieu de débat entre les différents acteurs, sans barrière.

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