Thierry Laverne, paysagiste : "La nature est une condition pour assurer une vie heureuse aux urbains"

 

Batiactu : La ville a changé ces dernières années… Dans vos travaux, vous parlez de responsabilités écosystémiques des villes, de quoi s'agit-il ?
Thierry Laverne : Les communes se rassemblent pour former un territoire avec une nouvelle échelle. Et bien souvent, cet ensemble est réuni par la campagne, la forêt, etc. Et la question est : "Qu'est-ce-qu'on fait ensemble de ce territoire ?". Il ne faut pas opposer la campagne et la ville, elles peuvent faire bon ménage. Travailler sur la campagne doit tirer la ville vers l'excellence. La préservation de la campagne permet de réinventer la ville sur son propre territoire et à l'échelle de la ville archipel.

 

Batiactu : La ville s'ouvre donc à et sur son territoire ?
Thierry Laverne : Oui, on peut citer l'exemple du Grand Paris qui interroge sur la forêt, les fleuves. Il est impossible de ne pas prendre conscience du changement d'échelle. Ces territoires se doivent d'être responsables sur des thèmes comme la biodiversité, la production alimentaire, etc. Une chose est certaine, la ville ne se limite pas à la portion congrue d'un territoire construit, mais prend en compte un ensemble d'enjeux et milieux nécessaires à la reproduction des "espèces urbaines" (NDLR : l'Homme). La nature est finalement une condition pour assurer une vie heureuse aux urbains.

 

Batiactu : On voit se développer de plus en plus de projets en ville comme les toits potagers, les fermes urbaines, qu'en pensez-vous ?
Thierry Laverne : Il n'y a pas d'échelle impertinente pour la verdure en ville. Les fermes urbaines permettent de sensibiliser les citadins à ce que l'on mange, mais attention cela n'exonère pas les villes d'intégrer et d'être solidaires de la campagne et de ses acteurs.

 

Batiactu : Cette nature a néanmoins un coût pour les collectivités, non ?
Thierry Laverne : Au final, je dirai que cela leur rapporte plus que cela ne leur coûte ! Il faut voir les économies induites de ces projets. Car aujourd'hui, il y a une nouvelle gestion des espaces et ce sont de nouvelles solidarités qui se créent. Ce qui est intéressant c'est de voir des acteurs privés s'impliquer dans des projets.

 

Batiactu : A quoi ressemblera la ville de demain ?
Thierry Laverne : Elle sera beaucoup plus participative. Le modèle automobile a généré la construction de la ville, mais désormais ce sont la nature et l'implication des habitants qui la changent. Actuellement, tout s'invente : les nouvelles solidarités, les nouvelles proximités et les nouvelles économies entre les villes, leurs habitants et leurs territoires ruraux et naturels.