A l'issue de la signature de la convention « Les Pros de la performance énergétique » sur le salon Batimat, Philippe van de Maele est revenu sur les objectifs et attentes de Copenhague et a dressé un bilan des multiples actions de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie en faveur du bâtiment. Interview.

Batiactu : Vous venez de signer, avec Didier Ridoret, Benoist Apparu, Valérie Létard et Philippe Pelletier, la convention « Les Pros de la performance énergétique ». Quelle est la nature réelle de cet engagement ?
Philippe van de Maele : C'est un moment important pour le Plan Bâtiment en général, qui marque la mobilisation de tout le monde. Le développement durable par nature est la vision globale et de plus en plus transversale de tous les sujets et on a la même chose dans le bâtiment, où l'enjeu majeur est la réhabilitation. Il est également important que les normes dans le neuf soient très élevées. La rénovation représente un énorme chantier : 31 millions de logements, 870 millions de mètres carrés. Pour pouvoir répondre aux interrogations et demandes des maîtres d'ouvrage, assurer et garantir une forme de performance énergétique plus globale - et pour atteindre notre objectif majeur qui est celui du facteur 4 (réduction par 4 les émissions de gaz à effet de serre, ndlr) - il faut pouvoir leur offrir une démarche globale. C'est l'objet de cette convention : avoir des professionnels qui ont une vision globale des problématiques et qui peuvent proposer un service global. N'oublions pas qu'avec « Les Pros de la performance énergétique », il y a une notion de garantie de performance. Il faut qu'on arrive à maintenir l'idée même qu'on puisse travaille sur plusieurs bouquets de travaux simultanément. On a donc besoin d'avoir une démarche d'offre globale, de l'architecte ou bureaux d'études aux entreprises. Toute la filière doit se mobiliser, d'une part par un engagement réel - et la FFB le prouve aujourd'hui - et, d'autre part, cela signifie aussi beaucoup de formation des entreprises, des artisans (l'Ademe soutient aussi la démarche Eco-artisan de la Capeb, ndlr) pour que cette démarche globale d'offre, de réflexion et de conseils soit le cœur de la problématique de la rénovation énergétique du bâtiment.

 

Batiactu : Quel est le rôle de l'Ademe au sein de cet engagement ?
Ph. van de Maele : L'Ademe accompagne le Plan Bâtiment, elle est en permanence à ses côtés sur le sujet de la réhabilitation, ainsi que sur celui de la précarité énergétique. C'est un thème important car il faut toujours rappeler que le développement durable est un enjeu économique, environnemental et sociétal. Ce dernier est devenu de plus en plus majeur - on a des gens qui dépensent près de 10% de leurs revenus uniquement pour la consommation d'énergie de leur foyer. Avec les évolutions assez inévitables du prix de l'énergie, des ressources qui ne sont pas inépuisables, une consommation très importante, il faut cesser de mettre en difficulté les plus fragiles et les plus précaires, et donc arriver à travailler auprès des plus démunis. D'où notre collaboration étroite avec le Plan Bâtiment et avec les architectes, à la base de tous les projets de logements.

 

Batiactu : Comment mobiliser la profession des architectes aux différents problèmes que vous évoquez ?
Ph. van de Maele : L'Ordre des architectes et le syndicat des architectes sont assez mobilisés sur ce sujet. Toutefois, il y a un énorme travail à effectuer sur la formation. D'abord, sur la formation initiale des architectes, pour laquelle nous avons, à l'Ademe, pris des contacts avec des écoles d'architecture pour que la notion d'urbanisme durable prenne tout son sens. Toute la chaîne du secteur du bâtiment doit se mobiliser. L'Ordre a également lancé, en collaboration avec l'Ademe, des « clips de débat » destinés aux architectes, mais aussi de nombreuses réunions de travail et de sensibilisation. Nous sommes dans une dynamique où le bâtiment est le monde qui a démarré le plus vite.

 

Batiactu : L'Ademe veut aussi beaucoup sensibiliser le grand public sur les comportements « durables ». Quid de vos actions ?
Ph. van de Maele : En effet, le comportement et les gestes sont essentiels. On met l'accent sur cela, car on estime que 20% des consommations sont dues à des comportements non optimums. Pour nous, tout est à faire en parallèle : le geste ne sera durable que s'il s'accompagne, dans le temps, d'investissements.

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